Le Chant Coréen: Arirang et Pansori

Le Chant Coréen: Arirang et Pansori


J’ai le plaisir de vous présenter mon premier article invité sur le thème du chant traditionnel coréen! Ecrit par mon amie blogueuse Maya, elle même chanteuse et musicienne. Je vous laisse découvrir ce superbe article qui nous fait voyager en musique vers une culture riche et fascinante. Le chant et la musique dépassent les frontières et apparaît comme un des plus beau moyen d’unifier et de fédérer.


Ouvrir une fenêtre vers une autre façon de chanter et de vivre la Musique…


Je vous souhaite une belle découverte en compagnie de Maya ! 🙂


Mi chiamano Maya. Ma il mio nome è Wunrei. Pardonnez-moi de parler l’italien. J’ai envie de commencer cet article invité par une parodie du titre d’un air d’opéra : Mi chiamano Mimi. Dans « La Bohème », opéra de Puccini, Mimi chante cet air lors de sa première rencontre avec Rodolfo : « Mi chiamano Mimi. Ma il mio nome è Lucia ». En français, « On m’appelle Mimi. Mais mon nom est Lucia. »

En effet Maya est mon pseudo professionnel. Mon prénom coréen est Wunrei qui signifie « la courtoisie des nuages ». Oui, je viens de la Corée du Sud et ai un blog sur l’apprentissage du coréen. Je suis également chanteuse (soprano) et pianiste amateur.

Merci infiniment à Clotilde de m’avoir gentiment proposé d’écrire au sujet du chant coréen sur son blog qui m’est utile pour améliorer ma voix lyrique.


  Le K-pop


Ici je ne parle pas de K-pop non plus. Parce que le K-pop désigne les chansons populaires coréennes composées après la guerre de Corée (1950 ~ 1953) sur l’échelle diatonique. Par contre la musique classique coréenne est sur l’échelle pentatonique. Si vous êtes intéressé-e par hasard par l’histoire de K-pop, vous pouvez cliquez ici. Ce sera un complément à cet article.  


Diatonique vs Pentatonique


  D’abord qu’est-ce qui est diatonique ou pentatonique? L’échelle diatonique est aussi dite heptatonique. Il s’agit de la gamme de sept sons comme vous connaissez : do, ré, mi, fa, sol, la, si.

Par ailleurs l’échelle pentatonique, elle, est basée sur cinq sons : sol, la, do, ré, mi, soit les touches noires du piano (fa#, sol#, la#, do#, ré#).

Pour mieux comprendre, regardez la vidéo ci-dessous. C’est mon enregistrement de Gyung-gi Arirang. Vous voyez que je ne touche aucun clavier blanc. Voici la musique classique coréenne est composée sur l’échelle pentatonique.



Musique classique coréenne


En gros il y a deux musiques traditionnelles en Corée, soit instrumentales, soit lyriques : Jeong-ak (정악) et Minsog-ak (민속악). Ak(악, 樂) signifie en sino-coréen le plaisir ou la musique. Jeong-ak est raffinée au niveau des émotions et destinée aux classes royales ou aristocrates. Contrairement à Jeong-ak, Minsok-ak est la musique du peuple, pour le peuple et par le peuple. Donc elle est plus dramatique, porteuse d’émotions et variée. En bref, vivante !

Les personnes qui ont lu cet article ont aussi lu :  Accompagner un chant au piano grâce aux accords

Dans Minsok-ak, il y a le folklore, le Pansori (판소리), le Gayageum Byungchang (가야금병창 ; le chant accompagné de Gayageum), le Dan-ga (단가), le Jab-ga (잡가) et le Pungmul (풍물).

Aujourd’hui je voudrais vous présenter un folklore, Arirang, et le Pansori parce que ce sont les deux chants traditionnels représentatifs de Corée.  


Arirang (아리랑)


  Vraisemblablement c’est l’Arirang qui est le chant coréen traditionnel et folklorique le plus populaire en Corée et au monde. Il a été joué officiellement à l’occasion de plusieurs Jeux Olympiques. Récemment à la cérémonie finale des Jeux Olympiques d’hiver à Sotchi en 2014 et à l’ouverture des Jeux Olympiques d’hiver à Pyeongchang en 2018. Cette dernière était historique puisque les équipes de Corée du Nord et du Sud sont entrées ensemble sous un seul drapeau avec la chanson Arirang à la place des hymnes nationaux des deux pays.  


La chanson qui réunifie les deux Corées


  L’Arirang qui m’a touchée le plus dans ma vie a été joué dans la Salle Pleyel à Paris en 2012. C’était un concert ensemble de l’orchestre Unhasu de la Corée du Nord et du Philharmonique de Radio France organisé par Myung-whun CHUNG. Il est le Directeur musical de l’Orchestre Philharmonique de Radio France de 2000 à 2015.

Etant d’origine coréenne, Maestro CHUNG avait rêvé depuis longtemps d’un concert intercoréen. Au départ il voulait inviter les orchestres de deux Corée. Mais suite au refus du Nord, il n’a invité que celui du Nord en France. La première partie était consacrée à Unhasu et la seconde, à l’orchestre de France. A la fin du concert, il a dirigé les deux orchestres et choisir Arirang pour un premier bis.

J’ai été profondément émue par cette performance qui a duré huit minutes. Dans la salle de concert il y avait également Jacques Lang et des coréens du Nord. Officiellement les coréens du Sud n’ont pas le droit de discuter avec les coréens du Nord et vice versa. Mais pendant cette soirée des coréens du Nord et du Sud s’étaient réunifiés grâce à l’Arirang. Puisque nous, LES coréens, connaissions la chanson et ses paroles par cœur. (Pour revoir le concert, cliquez ici : concert enregistré à la salle Pleyel le 14 mars 2012)


Gyunggi Arirang (경기 아리랑)



L’Arirang se trouve partout en Corée, au Nord et au Sud. D’ailleurs il y en a plusieurs, différents selon les régions. Le plus populaire est originaire de Gyeong-gi, près de Séoul. C’est pourquoi on l’appelle Gyeonggi Arirang ou Séoul Arirang. Il s’agit du chagrin d’amour au moment de la séparation.


아리랑 아리랑 아라리요 Arirang Arirang Arario

아리랑 고개로 넘어간다 Passant par la colline Arirang

나를 버리고 가시는 님은 Mon amour qui me délaisse

Les personnes qui ont lu cet article ont aussi lu :  Comment connecter ta voix à tes émotions?

십 리도 못가서 발병난다 Aura une maladie aux pieds même avant de marcher 10 lis (environ 4km)

아리랑 고개로 넘어간다 Passant par la colline Arirang

나를 버리고 가시는 님은 Mon amour qui me délaisse

십 리도 못가서 발병난다 Aura une maladie aux pieds même avant de marcher 10 lis (environ 4km)


Que pensez-vous des paroles ? Je les trouve tantôt tristes, tantôt mignonnes. Savez-vous que l’Arirang est un patrimoine culturel immatériel de l’humanité à l’UNESCO ? Il est inscrit en 2012 pour la République de Corée (Corée du Sud) et en 2014 pour la République populaire démocratique de Corée (Corée du Nord).  


Miryang Arirang (밀양 아리랑)



Parmi plusieurs Arirang, je voudrais vous proposer d’écouter Miryang Arirang afin de le comparer à Gyeong-gi Arirang.

Miryang est une ville du sud-est de la Corée dont Busan est la plus grande ville actuelle. Sa mélodie est plus joyeuse que le précédent. Miryang Arirang, Jeongseon Arirang (정선 아리랑) et Jindo Arirang (진도 아리랑) sont les trois meilleurs Arirang de la Corée du Sud. Voici l’extrait des paroles :


아리아리랑 스리스리랑 Ariarirang Srisrirang

아라리가 났네 Arariga nanne

아리랑 고개로 넘어간다 Passant la colline Arirang

날 좀 보소, 날 좀 보소, 날 좀 보소

Regarde-moi, regarde-moi, regarde-moi un peu

동지 섣달 꽃 본 듯이 날 좀 보소

Regarde-moi comme une fleur rare au milieu de l’hiver

아리아리랑 스리스리랑 Ariarirang Srisrirang

아라리가 났네 Arariga nanne

아리랑 고개로 넘어간다 Passant la colline Arirang


    Le Pansori (판소리)  



Une scène de Pansori : le Sorikkun (à gauche) raconte et chante une histoire et le Gosu (à droite) tape sur un tambour et ajoute des mots de remplissage. Le Pansori est un récit chanté coréen. Je dirais que le Pansori est l’opéra à la coréenne mais en monologue, sans décor et sans orchestre ! Contrairement au folklore que tout le monde peut chanter sans aucune technique, le Pansori demande un art spécifique et un entrainement rigoureux.


Il est complètement différent de l’art vocal du chant lyrique occidental.


Les chanteurs de Pansori travaillent dur pour obtenir « Sori (소리)», le son ou la voix. D’ailleurs « Pan (판)» signifie un grand espace et une scène spectaculaire. Alors le Pansori est un spectacle de chant et de narration dans une grande place. Le Pansonri se compose de deux personnes : un narrateur qu’on appelle Sorikkun (소리꾼) et un joueur de tambour, Gosu (고수). Le premier reste debout et le second, assis. Accompagné d’un tambour et de mots de remplissage, le Sorikkun raconte et chante une histoire et fait rire et pleurer le public. La durée est cinq ou huit heures !


  Les cinq meilleurs Pansori  


Si vous avez l’occasion de trouver des films coréens, regardez « La Chanteuse de Pansori (titre original : 서편제)» (1993) et « The Sound of a Flower (titre original : 도리화가)» (2015). Le premier raconte l’histoire d’un frère et d’une sœur qui apprennent le Pansori et qui se séparent. Vous pourrez également comprendre Han (한), le sentiment coréen explicable mais intraduisible en français.

A sa sortie ce film a mobilisé un million de spectateurs rien qu’à Séoul. Ce chiffre correspond au nombre d’entrées de spectateurs de Jurassic Park. Le second film raconte la vraie histoire de la première femme Sorikkun en 1867 pendant la dynastie Joseon. (Voir la bande d’annonce sous-titrée en anglais).

Les personnes qui ont lu cet article ont aussi lu :  Comment connecter ta voix à tes émotions?


Parmi douze Pansori, les cinq meilleurs sont : Chunhyang-ga (춘향가), Simcheong-ga (심청가), Heungbo-ga (흥보가), Sugung-ga (수궁가), et Jeokbyuk-ga (적벽가).

Ga signifie un chant ou une chanson.  


Petit descriptif des cinq Pansori


  1. Chunhyang-ga est une histoire d’amour contrariée entre SEONG Chunhyang, la fille d’une courtisane (16 ans), et un jeune homme YI Mongyong, le fils d’un aristocrate (17 ans). Le récit est romantique comme Roméo et Juliette, rigolo comme le Bourgeois gentilhomme et dramatique comme Hamlet. Winking smile Le prénom Chunhyang signifie la fragrance de printemps.

2. Simcheong-ga est le chant d’une jeune fille. Monsieur SIM est aveugle et élève son enfant unique, Simcheong. Un jour quand elle a 15 ans, elle sacrifie sa vie afin que s’ouvrent les yeux de son père. Il s’agit de la valeur asiatique Hyo (효), la piété filiale en coréen. Ne soyez pas triste pour elle car l’histoire fini par happy-ending.

3. Heungbo-ga est un stéréotype qui rend riche celui qui est gentil et pauvre, Heungbo, et punit celui qui est méchant et riche, Nolbo, son grand frère. Cela ressemble au début de l’histoire d’Ali Baba et les quarante voleurs.

4. Les deux héros de Sugung-ga sont un lapin et une tortue. Mais ils ne parient pas pour une course comme vous le pensez. Afin de sauver la vie du Roi-Dragon gisant dans l’océan, la tortue sort de l’eau et cherche le foie du lapin. Elle réussit à amener le lapin dans le palais d’océan. Alors le lapin peut-il se sauver? (Le Roi-Dragon correspond à Poséidon à la sauce asiatique.)

5. Le dernier Jeokbyuk-ga est sans doute le Pansori le plus préféré des hommes. Parce qu’il s’agit d’une bataille sur une falaise rouge dans laquelle Cao Cao ou Ts’ao Ts’ao a subi une défaite complète.  


Chant d’amour dans Chunhyang-ga



Avant de finir l’article, je vous invite à écouter un Pansori : le fameux chant d’amour dans Chunhyang-ga. Si vous avez envie d’écouter en direct le chant traditionnel coréen, consultez régulièrement le programme du Centre culturel coréen ou le site de Festival K-Vox/ Voix coréenne qui aura lieu à Paris les 6, 12 et 14 juin 2019. J’espère que ma présentation du chant traditionnel coréen vous ouvre une petite porte pour voyager dans le temps et dans l’espace lointain.

Merci encore à Clotilde de m’avoir dédié une page de son blog de chant pour disserter librement d’un aspect de la culture musicale de mon pays natal, Pays du Matin calme.


Cet article vous a plu? N’hésitez pas à laisser un commentaire ci-dessous!


Envie d’aller plus loin dans la découverte de la culture coréenne? Je vous invite vivement à aller faire un tour sur le blog de Maya: ICI !


Partager l'article

8 réflexions sur « Le Chant Coréen: Arirang et Pansori »

    1. Merci beaucoup pour votre commentaire! Je suis contente que Maya ait pu offrir sur mon blog cette belle fenêtre musicale sur sa culture. 🙂

  1. A part la kpop et le trot je ne connaissais pas ces types de chants et je trouve cet article très bien conçu et très instructif. J’aime beaucoup Miryang Arirang très traditionnel. Wunrei à une très jolie voix. Merci pour ce beau voyage musical.

    1. Merci beaucoup pour votre commentaire. C’est un plaisir d’emplir ses oreilles de ces sons qui font voyager, l’espace d’un instant…
      Je suis très contente d’avoir pu vous proposer cette fenêtre vers la culture de Wunrei.

  2. J aime beaucoup d écouter la musique coréen traditionnelle et moderne, elle me fait rêver, elle est très belle, elle laisse beaucoup de tendresse dans mon cœur. Merci pour cet article et bon chance pour vous😊😊😊

    1. Très heureuse que cet article vous ait plu et d’avoir pu, grâce à Maya, vous offrir une ouverture vers une autre tradition vocale et musicale. Empreinte de poésie et de subtilités…

  3. Merci pour votre article ! « le chant de la fidele Chunhyang » de 2000, un autre film, que j’ai trouvé sublime, mais je ne sais pas s’il est apprecié en Corée. Le debut du film represente justement le spectacle de pansori, l’arrivée du public, toutes generations confondues, le chanteur, qui par la magie du chant nous fait entrer dans la legende, et on se laisse emporter, comme tous les spectateurs de la salle, par le recit et l’emotion. La scene de la punition de la jeune femme, me fait monter les larmes aux yeux rien qu’en evoquant son souvenir…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.